- PRAIRIES (LES), Canada
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PRAIRIES LES, CanadaLes Prairies canadiennes tirent leur originalité d’un ensemble de facteurs physiques et biologiques ainsi que de caractères socio-économiques particuliers. Le paysage demeure en général uniforme. Cette homogénéité se retrouve dans la présence souveraine d’un climat continental froid et semi-aride (ou subhumide), dans l’extension des terres noires (tchernoziem ) et dans une agriculture de type extensif.Les Prairies canadiennes occupent, sur trois provinces (Alberta, Saskatchewan et Manitoba), une étendue de forme à peu près triangulaire dont la base coïncide avec la frontière canado-américaine. Situées à l’intérieur du continent, les Prairies souffrent d’isolement. Malgré les moyens modernes de communication, elles restent en marge des grands courants commerciaux et industriels de l’Amérique du Nord et ancrées dans leur rôle de fournisseur de matières premières. Les Prairies canadiennes se distinguent du reste du Canada en tant que région productrice de blé et diffèrent du reste du pays par les caractères ethniques de leur peuplement et leur particularisme tenace. Ici, la majorité des habitants est d’origine non pas anglaise et française, mais allemande, ukrainienne et scandinave. En 1991, les trois provinces des Prairies canadiennes comptaient 4 626 000 habitants.Avant l’arrivée des premiers colons écossais à Rivière Rouge, en 1812, les Prairies, parcourues par des trafiquants de fourrures, étaient le domaine des Indiens chasseurs de bisons. Ce n’est qu’en 1871 que les Prairies furent véritablement ouvertes à la colonisation. Celle-ci se fit lentement au début. Pourtant, dès 1877 était exportée vers la Grande-Bretagne la première cargaison de blé.La voie ferrée reliant Saint Paul (Minnesota) à Winnipeg, en 1878, et le Pacific Canadian Railway, reliant Montréal à Vancouver, achevé en 1886, ainsi que ses ramifications dans le Sud-Ouest manitobain, firent de Winnipeg le grand centre commercial des Prairies. Calgary, avec ses 1 600 habitants en 1885, devient le centre d’un réseau de petits bourgs commerciaux.Dès la fin du XIXe siècle, les Prairies avaient fait la preuve de leur immense potentiel comme productrices de grains. En 1920, le blé de cette région représente la principale denrée d’exportation du Canada.De 1900 à 1930, les Prairies sont l’un des plus grands foyers d’immigration qu’ait connus l’histoire du monde en temps de paix et tout le domaine agricole est occupé dès 1930. La crise économique des années 1930 met un terme à cette vague d’immigration. Au cours des vingt années suivantes, la population de la Saskatchewan diminue et celle du Manitoba ne s’accroît que lentement; seule, celle de l’Alberta progresse, grâce à la découverte de riches gisements miniers et au développement d’industries de guerre.Depuis les années 1930, d’importants mouvements de migration intérieure se sont produits. Le nombre des exploitations agricoles a diminué. Les principaux centres urbains, notamment Calgary (744 000 hab. en 1992) et Edmonton (785 000 hab. en 1992), se sont développés. Le phénomène d’urbanisation et de centralisation des services ne répond toutefois pas à un mouvement de désertion des campagnes. En dehors de Winnipeg (625 000 hab. en 1992), le Manitoba ne compte qu’une véritable ville: Brandon (plus de 38 000 hab. en 1987). Les trois plus grandes villes des Prairies sont situées à la périphérie de la région. Les deux agglomérations du centre, Regina (186 000 hab. en 1992) et Saskatoon (238 300 hab. en 1992), sont plus modestes.L’expérience acquise au cours des pénibles années 1930 a sensibilisé la population aux problèmes des Prairies: instabilité de l’activité agricole, manque d’importants marchés régionaux, trop grande dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs. Des mesures permirent d’améliorer les cultures, de mieux contrôler l’utilisation du territoire agricole et la commercialisation des produits, et de diversifier la production afin de restreindre l’importance relative de l’agriculture dans l’économie de la région. Cependant, la productivité est telle que la réduction des surfaces ensemencées ne réussit pas à annuler les gains de production résultant de procédés culturaux plus intensifs et d’un emploi plus grand de fertilisants minéraux.Les Prairies possèdent des ressources naturelles considérables (uranium, minerais variés...). C’est ainsi que l’Alberta et la Saskatchewan disposent de riches gisements de charbon. Le lignite du sud-est de la Saskatchewan est utilisé en grande partie sur place pour la production d’électricité thermique. L’Alberta vient en tête des trois provinces pour la prospection et l’exploitation du gaz naturel et du pétrole. Les gisements de Turner Valley, découverts en 1914, ont contribué à faire de Calgary le centre de l’industrie pétrolière du Canada. Cependant, la montée en flèche de la production n’est intervenue qu’après la découverte du gisement de Leduc en 1947. Avec la baisse des prix des produits pétroliers, Calgary (comme Edmonton) a vu ses revenus diminuer au cours des années 1980. Les constructions pour les jeux Olympiques d’hiver de 1988 ont atténué la crise, en particulier pour le secteur du bâtiment, mais elles n’ont pas masqué le repli du secteur pétrolier, base économique fondamentale. Plus largement, l’Alberta est entrée dans une minirécession.Les ressources pétrolières ont favorisé le développement des Prairies. Le gaz naturel se trouve en abondance. La production en 1984 a été de 64 929 000 mètres cubes. Les grands gisements de potasse identifiés en Saskatchewan vers 1950 ont commencé à produire en 1962 et on fait de cette région la première exportatrice de potasse du monde. Le sulfate de sodium, exploité à partir des dépôts alcalins des lacs, dans la Saskatchewan méridionale, revêt un intérêt économique particulier du fait de sa rareté au Canada. Le sel gemme, assez largement distribué, le gypse et le soufre tiré du mazout figurent en outre parmi les produits du sous-sol d’importance industrielle. Au total, l’industrie minière a ouvert des perspectives nouvelles à l’économie des Prairies.L’industrie de transformation se développe à un rythme plus lent que dans les terres plus anciennement peuplées du Canada central. Toutefois, grâce à sa situation à un carrefour de voies de transport, Winnipeg est rapidement devenu un grand foyer industriel et un nœud ferroviaire très important.En ce qui concerne l’industrie manufacturière, la préparation de la viande et le raffinage du pétrole viennent en tête, suivis par la transformation de produits agricoles, notamment la fabrication de beurre et de farine. Par ailleurs, l’Alberta fournit la moitié du sucre canadien. En marge de ces activités clés, la production industrielle est très variée: matériel roulant, appareils électriques, imprimerie, vêtements. Les richesses naturelles considérables des Prairies attirent les investissements étrangers, surtout ceux qui proviennent des États-Unis. Son développement économique repose étroitement, comme celui du reste du Canada, sur l’apport de capitaux venus de l’extérieur.
Encyclopédie Universelle. 2012.